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ETES-VOUS UN SALE CON ?

mercredi 23 mai 2007

Objectif Zéro-sale-con au plus haut des Cieux

Adapté du billet de Robert Sutton "Applying the Rule at the Highest Level"


L’une des plus surprenante réaction à Objectif Zéro-sale-con (pour moi en tout cas), a été celle d’un groupe religieux, restreint mais très actif, qui a totalement adhéré au livre. Richart Beck, notamment a particulièrement soutenu le livre. Il a d’abord écrit un billet sur sa lecture d’Objectif Zéro-sale-con dans un cours d’étude biblique, démontrant que le principal message du livre était à peu près identique à celui du célèbre passage de la lettre de Saint Paul aux Corinthiens (1, 13).

Richard concluait son billet ainsi :

Pendant mon cours, après avoir évoqué Objectif Zéro-sale-con, je lu ce passage célèbre : «L’amour est patient, l’amour est bon, il n’a pas de passion jalouse ; l’amour ne se vante pas, il ne se gonfle pas d’orgueil, il ne fait rien d’inconvenant, il ne cherche pas son propre intérêt, il ne s’irrite pas, il ne tient pas compte du mal…»

En gros : ne soyez pas des sales cons.


Ce qui m’a surtout intéressé, c’est de voir que le billet de Richard a engendré 8 commentaires de soutien, la plupart l’applaudissant pour son ouverture d’esprit (j’approuve de tout mon cœur).

J’ai eu également une discussion intéressante avec un pasteur presbytérien qui m’a remercié d’avoir écrit le livre et m’a raconté que, malgré le fait qu’il considérait que ce n’était pas tout à fait approprié d’évoquer la question dans un sermon, le problème des « connards » empoisonnait toute les congrégations qu’il avait connues, qu’il avait eu des conversations seul à seul avec certaines personnes, et que cela avait eu des conséquences pour diriger la communauté.

Dans le même esprit, quelqu’un m’a envoyé cette image, qui montre que le bouton «suppr.» est utilisé à la porte même du Paradis. Le message semble être qu’avoir la foi n’est pas tout à fait suffisant…

[Saint Pierre : « Vous étiez croyant d’accord, mais vous avez zappé une partie du truc : la partie ne-pas-être-un-connard »]

vendredi 11 mai 2007

Les Français, "plus à l'aise avec le langage grossier que n'importe qui d'autre"

C'est Bob Sutton, l'auteur du livre, qui le dit.
Et il ajoute : "Et j'aime ça".

Il dit aussi beaucoup d'autres choses dans l'interview qu'il a accordé à 01men pour son dossier sur "la chasse aux cons". Par exemple pourquoi il était important d'employer ce langage grossier. Un autre thème important est abordé dans l'interview : la question de savoir si son projet n'est pas trop "moral". Sa réponse :
Le management a-t-il quelque chose à voir avec la morale ou décririez-vous votre projet comme utopique ?

Je ne suis pas très religieux et quand les gens parlent de moralité, ça me rend nerveux, car ils finissent généralement par faire des choses immorales au nom de leur croisade morale (prenez mon président en exemple). Mais je pense en effet qu'il est bon de rêver d'un monde et d'un lieu de travail meilleurs.
A méditer...

Dans le dossier aussi : une description de "7 sales cons exemplaires" décrits dans le livre, avec leurs trombines.

jeudi 3 mai 2007

Colère stratégique et conquête du pouvoir

Un petit extrait d'Objectif Zéro-sale-con.
Il est tiré du chapitre 6 : "Les sales cons ont aussi leurs vertus", pp. 143-146


De nombreuses études montrent que nous nous attendons à ce que les puissants passent leur colère sur les plus faibles, et il a également été démontré que la méchanceté peut aider des individus à accroître leur pouvoir sur les autres. Même si nous n’en sommes pas conscients, nous trouvons normal que les puissants affichent leur fierté et s’attribuent tout le mérite lorsque les choses vont bien et qu’ils blâment et déversent leur colère sur leurs subordonnés dans les moments difficiles. Les gens qui se trouvent tout en bas de la pyramide hiérarchique essaient de s’accrocher à leurs positions précaires en manifestant de l’admiration, de la flatterie, de la déférence à l’égard des individus plus haut placés et, lorsque les choses vont mal, en s’excusant auprès d’eux.
L’une des raisons pour lesquelles les mâles et les femelles dominants se comportent comme des despotes, c’est que nous les laissons faire et, ce faisant, nous les encourageons tacitement. Des études réalisées par Lara Tiedens, psychologue à Stanford, et ses collègues laissent penser que dans un monde où « on lèche les bottes et on botte les culs », l’utilisation stratégique de la colère et du blâme peut aider à grimper dans la hiérarchie en marchant sur les autres. Tiedens le démontre dans une expérience : pendant les débats du Sénat américain sur l’éventuelle mise en accusation de Bill Clinton devant la Haute Cour de justice, elle projeta des images récentes du président. Dans l’un des films, Clinton manifestait sa colère au sujet du scandale Monica Lewinsky et, dans l’autre, il exprimait de la tristesse. Les sujets qui virent un Clinton en colère eurent davantage tendance à dire qu’il devait poursuivre son mandat sans encourir de sanction sévère, et qu’il fallait « laisser tomber cette histoire de mise en accusation ». En bref, Clinton devait être autorisé à conserver son pouvoir. Tiedens conclut de cette expérience et de plusieurs autres études sur des thèmes analogues que si les individus qui se mettent en colère apparaissent comme « antipathiques et froids », l’utilisation stratégique de la colère – éclats de voix, expressions hargneuses, regard fixé droit devant soi et gesticulations (pointer le doigt et taper du poing) – crée le sentiment que celui qui l’exprime est compétent.
Plus généralement, la recherche sur le leadership montre que des comportements subtilement agressifs, comme balancer un un regard furieux ou des commentaires condescendants, ou plus explicites comme des insultes ou des remarques méprisantes, voire la menace physique, peuvent être des tactiques efficaces pour acquérir un pouvoir. Rod Kramer, professeur d’analyse du pouvoir à Stanford, a montré dans la Harvard Business Review comment les « intimideurs », parmi lesquels on peut citer l’ancien président américain Lyndon B. Johnson, l’ancienne PDG de Hewlett-Packard Carly Fiorina, l’ancien patron des studios Miramax Harvey Weinstein, l’ancien PDG de Disney Michael Eisner et, bien entendu, le PDG d’Apple Steve Jobs, ont bâti et étendu leur pouvoir par l’utilisation stratégique des regards furieux, des réflexions humiliantes et du harcèlement. Kramer explique que Lyndon Johnson observait attentivement les autres et utilisait propos agressifs et crises de colère soigneusement dosés pour se jouer des faiblesses de ses collègues politiciens. Kramer raconte aussi que Carly Fiorina était admirée et redoutée pour sa capacité « à obliger ses adversaires à baisser les yeux ».
L’article de Kramer, intitulé « The Great Intimidators » (« Les maîtres de l’intimidation »), dépeint Harvey Weinstein, une célébrité à Hollywood, comme « l’intimideur » suprême, « grossier, tonitruant, agressif », maître dans l’art d’utiliser la colère « étudiée » en montrant ses crocs à la moindre occasion. Un article de Ken Auletta, publié en 2002 dans le New Yorker, rappelait la période où Weinstein était tracassé par des rumeurs disant qu’il avait lancé une campagne de diffamation pour discréditer A Beautiful Mind, un film produit par Universal Pictures, qui était en concurrence avec celui que lui-même avait produit, In the Bedroom, dans la course aux Oscars. Weinstein était convaincu que ces rumeurs étaient répandues par la présidente d’Universal, Stacey Snider. Il profita d’une réception pour coincer Snider et la prit à parti. Auletta raconte : « Pour Snider, qui était une femme menue, Weinstein était une vision effrayante – le regard noir et lançant des éclairs, le visage bouffi pas rasé, le ventre proéminent. Il pointa son doigt sous le nez de Snider et hurla : “Vous allez me payer ça !”.» Bien que Weinstein ait fini par présenter ses excuses à Snider, Kramer affirme que cette démonstration calculée de bruit et de fureur a bien servi Weinstein pour la suite de sa carrière à Hollywood, où il produisit des films qui remportèrent plus de 50 Oscars. Kramer estime que ces « intimideurs » ne sont pas véritablement des harceleurs, parce qu’ils utilisent l’intimidation à des fins stratégiques plutôt que pour satisfaire leur ego. Je ne suis pas d’accord. Si une personne deux fois plus grande et plus lourde que vous vous pousse dans un coin, vous hurle dessus et fait des gestes menaçants sous votre nez, tous les « experts » de ma connaissance diront que vous avez été harcelé, et je dirai, pour ma part, que vous avez eu affaire à un sale con. Quel que soit le nom que l’on donne à ces gens-là, la capacité à se conduire comme une enflure agressive – ou, du moins, à supporter les attaques d’autres enflures – semble être une qualité essentielle pour survivre à Hollywood.

Toute ma vie, j'ai rêvé…

Une délicieuse histoire racontée par Robert Sutton. (Attention, la traduction de l'échange final perd un peu de sa saveur en français, mais l'essentiel y est)


D'après le billet de Robert Sutton : "Airline Asshole Management: An Urban Myth?"


Je pense que vous aimerez cette histoire, qui raconte comment une employée de compagnie aérienne parvint à faire de la bonne « gestion de sale con ». Cette histoire est de seconde main, elle m’a été transmise par un lecteur australien. Franchement, elle a plutôt l’air d’être une légende, mais elle est suffisamment drôle pour mériter d'être racontée ici, même si c’est probablement de la fiction. Du reste, cette histoire est vraisemblable, même si elle est un peu trop drôle pour être totalement vraie.
Cela se passe à l’aéroport de Sydney. Un vol plein à craquer, de la compagnie Virgin Airlines, venait d’être annulé, le 767 ayant dû partir pour révision. Une agent d’accueil toute seule et débordée était en train de s’occuper de trouver des places pour toute une longue file de passagers concernés par l’annulation. Brusquement, un passager furieux passa devant tout le monde et se planta devant elle. Il jeta son billet sur le comptoir et dit « Je DOIS prendre ce vol et je DOIS ETRE EN PREMIÈRE CLASSE ».
L’agent répliqua : « Je suis désolée Monsieur, j’aimerais pouvoir vous aider, mais je dois d’abord aider ces personnes, et je suis sûre qu’ensuite, nous trouverons une solution. »
Cela ne calma pas le passager en colère. Il demanda très fort, pour que les personnes derrière lui puissent entendre : « SAVEZ-VOUS BIEN QUI JE SUIS ? ». Sans hésiter, l’agent lui sourit et s’empara de son micro : « Votre attention s’il vous plaît , commença-t-elle (sa voix s’entendait clairement dans tout l’aéroport), nous avons un passager en porte 14 qui NE SAIT PAS QUI IL EST. Si quelqu’un peut l’aider à retrouver son identité, merci de vous rendre porte 14. »
Et pendant que tout le monde hurlait de rire, le gars fixa la jeune femme, montra les dents et lui dit : « Allez vous faire mettre » [f… you]. Sans se démonter, elle lui sourit de nouveau et lui répondit : « Encore désolée Monsieur, mais si c’est ce type de prestation que vous recherchez, je vous conseillerais plutôt la compagnie Qantas… »