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ETES-VOUS UN SALE CON ?

jeudi 12 juillet 2007

Chat et chaton chassent le raton

Merci au Journal du Net / Management qui a accepté que nous retranscrivions une partie du chat d'Hervé Laroche avec ses lecteurs. Il s'était déroulé le 28 juin dernier.

Le dossier complet est également en ligne.


Y a-t-il des "sales cons" célèbres ? Des métiers propices à leur épanouissement ? Comment contenir celui qui est en soi ? Hervé Laroche, professeur de management et stratégie à l’ESCP-EAP et préfacier de l’édition française d'Objectif Zéro-sale-con, a répondu aux questions des lecteurs de JDN Management et expliqué comment créer un environnement de travail civilisé, garanti "zéro-sale-con".

Comment définissez-vous un "sale con" ? Comment distinguer un sale con chronique de quelqu'un qui est simplement de mauvaise humeur ?

Un "sale con" se reconnaît aux effets qu'il produit sur autrui : on se sent méprisé, humilié, agressé, ou au moins pas reconnu... Et celui qui produit cet effet souvent, de manière répétée, est un sale con "certifié". Sinon, bien sûr, ça arrive à tout le monde de mal se comporter.

A quels comportements quotidiens les reconnaît-on ?

Ils manquent de considération pour les autres, ne les écoutent pas, se montrent péremptoires, agressifs, intolérants, ne sont pas ouverts aux idées et suggestions, imposent leurs avis, les expriment comme des évidences, méprisent les objections... et puis éventuellement pire : ils profèrent des remarques agressives, des insultes, des allusions déplacées...

En quoi sont-ils nocifs pour l'entreprise ?

Ils engendrent des coûts cachés, sous forme de démotivation, retrait, voire absentéisme ou maladie pour les employés. Mais également des effets collectifs : manque de coopération entre les individus, manque de créativité, etc. Et encore : temps perdu à réparer leurs dégâts et éventuellement leurs erreurs.

Y a-t-il des façons de calculer le coût pour l'entreprise de ces personnalités nuisibles ? Y a-t-il des études qui le font ?

Il y a un exemple de calcul dans le livre de Sutton à propos d'un vendeur, excellent professionnel mais "sale con" patenté. Le principal poste à identifier, c'est le temps passé à gérer le sale con. C'est peut-être une première approximation facile à faire : compter combien d'heures on a passé à s'occuper de cette personne et des gens auxquels elle a fait du mal, puis le valoriser en terme de salaire. Ensuite, il y a d'autres postes, mais ça dépend des situations. Il y a une méthode générale donnée dans le livre, mais à ma connaissance elle n'est pas encore intégrée dans les ERP !


Le chat se poursuit avec des questions comme :

• Comment, lors d'un recrutement, détecter quelqu'un dont le comportement risque d'être nuisible une fois embauché ?

• N'y a-t-il pas certains métiers, ou certains types d'entreprise, dans lesquels on réussit mieux si l'on est un sale con ?

•Qu'est-ce qu'on doit faire quand le sale con est le meilleur élément de l'équipe ?

• Y a-t-il des sales cons utiles en entreprise ?

• Sutton emploie un vocabulaire utilisé dans la vie mais rarement dans les livres et son ton est très émotionnel. Pourquoi les sales cons génèrent-ils des réactions pareilles ? Pourquoi a-t-on autant de mal à prendre le recul nécessaire devant leurs agissements ?

• Quand on a été victime (du genre Bisounours collaboratif) de sales cons patentés, comment ne pas rester amer, méfiant et désabusé au point de devenir soi-même un sale con ?

• Quand on a eu un comportement de sale con, que doit-on faire pour "réparer" ?

Le sale con ne se gère pas, il se neut-rat-lise ou il se fuit…

Voici un nouveau témoignage, un de plus...



J'ai travaillé deux ans dans une entreprise absolument grandiose si on l'envisage sous l'angle unique de la présence des sales cons.

En premier, le Sale Con number one, le PDG, mal élevé, raciste, méprisant avec ses employés et maniant l'insulte et le dénigrement pour apeurer son "troupeau de bétail" (j'utilise à dessein son vocabulaire de Sale Con).

Evidemment, il a trouvé des alliés puissants à l'intérieur de la boîte, tous persuadés que s'ils font bien tout comme on leur dit, ils vont grimper rapidement dans la hiérarchie, avoir de bons salaires et acquérir du pouvoir (je précise que les salaires sont plutôt minables dans cette entreprise, que les avantages accordés avec parcimonie et condescendance aux salariés sont ridicules, mais tout passe comme une lettre à la poste, tant il est vrai qu'entre Sales Cons, on finit toujours par s'entendre...).

Il y a donc un paquet de Sales Cons qui se croient indispensables, des grandes gueules mal embouchées avec lesquelles il ne faut pas hésiter à l'ouvrir aussi grand, sous peine de passer pour une lopette.

Je précise que la plupart des Sales COns des niveaux inférieurs sont plutôt des femmes (et ça me désole, car j'en suis une...).

Pour ma part, j'ai été accueillie très froidement par mes futurs collègues lorsque je suis arrivée dans l'entreprise, mais j'avais besoin de travailler et j'ai décidé que les choses devaient s'arranger si je faisais bien mon travail et si je restais polie et ouverte. Que nenni !

Cette attitude a plutôt contribué à me nuire, sans compter ma Sale Conne directe, une jeune femme très manipulatrice, qui devant mon manque de réceptivité face à ses manoeuvres (elle et son équipe contre le reste du monde, elle et son énorme capacité de travail, elle et ses puissantes qualités, elle et elle, en somme...), est devenue brutalement très agressive lorsque je suis revenue d'un arrêt maladie dû au surmenage et à un trop-plein de travail (heures supplémentaires à gogo du fait d'une organisation totalement imbécile, etc.).

J'ai toujours donné mon sentiment sur la question de l'organisation et notamment à propos de cette tripotée d'heures sup soit disant incontournables, mais cela a été interprété par mes collègues comme une marque de ma fainéantise et de ma faiblesse.

J'ai dû subir des railleries absolument hilarantes sur mon grand âge (j'ai été recrutée du fait de mon expérience, ce qui suppose que j'ai quelques années de travail derrière moi), une mise au placard (phoning et autres joyeusetés tout à fait inférieures à mon niveau de qualification et à mes compétences), la jubilation du Petit Sale Con sous les ordres duquel je me suis retrouvée (incapable d'aligner trois phrases correctes mais rempli d'aise d'avoir sous ses ordres une femme plus âgée que lui et plus diplômée, ainsi qu'il me l'a fait remarquer avec force clins d'oeil appuyés et "hein ?" satisfaits), la mise à l'écart par les collègues de mon service et d'autres services auprès desquels ma publicité avait été faite (la vieille feignante qui se fait pipi dessus...) et des propos contradictoires du type : "Il ne se passe rien mais serre les dents", quand j'ai essayé de faire part de mon désarroi...

Sans compter la personne incroyablement brillante avec laquelle je partageais mon bureau avant ma mise au placard, laquelle avait déjà tenté plusieurs fois de récupérer mon travail à son profit (mon profil est travailleur collaboratif, ce qui ne veut pas dire Bisounours collaboratif, je sais détecter les morpions et les neutraliser lorsque le besoin s'en fait sentir...) qui a tenté de me faire passer pour une demeurée auprès de tout le service, tout en utilisant allégrement et sans état d'âme les outils et les procédures que j'avais mis en place...

Quant au chef de service, lui-même harcelé par la Sale Conne qui s'en était prise à moi, ça lui faisait des vacances et il a tenté d'en rajouter une couche.

Je n'ai rencontré aucune aide auprès de mes collègues ni auprès de la hiérarchie, bien trop occupés à se voiler la face : la Sale Conne en question est une harceleuse en série, mais accepte des conditions de travail hallucinantes et fait peur à tout le monde, surtout quand elle vrille ses terribles yeux marrons sur vous, brrrrrrrrr !

Bref, j'ai fini par trouver une solution pour partir mais j'ai mis un certain temps avant de renoncer à l'autoflagellation ("je dois trouver une solution pour gérer cette situation", "c'est de ma faute, je ne sais pas me comporter avec ces gens"...). Donc, règle number one pour moi : le Sale Con ne se gère pas, il se neutratlise ou il se fuit ! Sinon on y laisse sa belle santé et franchement, ça serait dommage : le Sale Con ne mérite qu'une chose, un bon coup de pied dans le fondement !

Je précise que j'ai retrouvé rapidement du travail après cette expérience et que j'ai alors été confrontée à un trio de Sales Cons qui harcèle toute une équipe depuis de longs mois (méprisants, maniant l'ironie méchante, descendant leurs collègues pour se faire briller, prenant tout le monde pour des incapables, enfin comme dirait l'autre, ils ne sont pas finis, il reste encore plein de place dedans, on pourrait y habiter à plusieurs, mais pour ma part, je n'y tiens pas...).

Pour le moment, j'attends de voir comment cette histoire-ci va se dénouer car cette fois, la hiérarchie, alertée par tout le service, semble vouloir prendre les choses en main...

Mais comme je suis la dernière arrivée, il semblerait que les Sales Cons comptent me faire porter le chapeau et me faire endosser la dépouille de bouc émissaire, ce qui semblerait arranger quelques-uns de mes collègues, y compris parmi les harcelés...

Ma religion est faite : si la situation ne trouve pas rapidement une issue - et quand je parle d'issue, je ne parle pas de me retrouver pendue haut et court pour l'exemple au milieu du bureau -, je changerai à nouveau de boîte. Mais c'est agaçant à la fin de voir que les Sales Cons restent en place sans trop de casse...